dezembro 11, 2007

A questão do Kosovo vista pela Rússia: "Era preciso desmembrar a Sérvia?" in Courrier International, 10 de Dezembro de 2007


por Alexeï Bogatourov

[...] Etait-il intelligent de détruire la Serbie ? Evidemment non. De même qu'il a été stupide de laisser la Géorgie éclater. Même fragile, une Géorgie unie aurait pu être plus réceptive aux discours russes. Encore aurait-il fallu, dès la fin des années 1980, prendre la peine de "chouchouter" ses dirigeants, capricieux, contents d'eux et (Chevardnadze mis à part) incapables de gérer un Etat. Il aurait fallu les persuader, les flatter, ruser, manœuvrer, leur offrir de l'aide. Nous avons négligé tout cela. Aujourd'hui, ce sont les Américains qui s'en chargent.

Les riches voisins occidentaux de la Serbie n'ont pas fait preuve de plus de sagesse à son égard. Ce pays, malgré toutes les difficultés qu'ont posées ses gouvernants dynastiques, a été un rempart européen dans les Balkans, la ligne avancée de contact avec l'Orient islamique. Les Serbes et les Monténégrins ne sont pas des gens de compromis, mais ils sont combatifs, excessivement courageux, et ils ont le sens du sacrifice. C'est ce qui leur a permis, même sans aide occidentale, de contenir la pression de la Sublime Porte ottomane sur l'Europe, aux frontières où se dessine le basculement ethnique. Une Serbie forte, en dépit de tous ses défauts, était dans les Balkans un facteur de cohésion, rôle que les autres pays de la région ne pouvaient jouer pour de nombreuses raisons, géopolitiques entre autres.

La "stratégie de démembrement de la Yougoslavie" que l'Allemagne a adoptée à la fin des années 1980 [en prenant l'initiative de reconnaître l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie], suivie par les autres Etats de l'Union européenne, la Russie voisine (alors dirigée par Eltsine, avec Andreï Kozyrev en chef de la diplomatie) et les Etats-Unis, a tout bouleversé. La Serbie a dès lors commencé à être "grignotée" de toutes parts, perdant des terres peuplées de Serbes. La Croatie en a avalé une partie, la Bosnie, officiellement devenue un Etat musulman à hauteur d'un tiers, en a absorbé une autre. Après cela, le projet de "Grande Albanie", islamique elle aussi, est revenu sur le devant de la scène. Enlever définitivement le Kosovo à la Serbie pour le transformer en Etat indépendant constitue une étape supplémentaire dans la réalisation de ce projet.

L'Union européenne s'accommode de sa propre islamisation. Il y a des raisons à cela. Il y a trois ans, la Russie a trouvé le moyen de s'associer à l'Organisation de la conférence islamique (OCI). A l'époque, de nombreux pays de l'UE avaient exprimé leur perplexité à ce sujet. Aujourd'hui, l'UE elle-même pourrait rejoindre l'OCI. La prochaine entrée de la Turquie dans l'Union, l'absorption du "giron balkanique" et de ses enclaves islamiques, l'afflux d'immigrants en provenance de pays musulmans d'Afrique et d'Asie rendent irréversible l'islamisation des Etats européens.

Fatalité, sens de l'Histoire et paradoxe culturel. L'UE que les Russes voulaient rejoindre au début des années 1990, l'UE actuelle et celle qu'elle sera dans dix ou quinze ans n'ont rien à voir entre elles, que ce soit du point de vue de la culture, du mode de vie ou de la politique. Combien de temps encore Paris, Berlin et Londres continueront-ils par inertie à susciter chez les Russes un vrai désir d'adhérer aux valeurs européennes ? Autre grande question, les rapports de la Russie et de l'UE deviendront-ils plus chaleureux ou plus distants lorsque l'Europe se sera complètement "islamisée" ?
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=80539

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