Un groupe d’extrémistes a lancé, le 18 janvier, une attaque spectaculaire contre le gouvernement afghan. Deux kamikazes ont fait exploser des bombes tandis que des affrontements se déroulaient à 50 mètres seulement des portes du palais présidentiel. Selon les autorités afghanes, 3 soldats, 2 civils et 7 assaillants ont trouvé la mort, et au moins 71 personnes ont été blessées.
Cette attaque était avant tout destinée à ébranler le calme de la capitale afghane. Les talibans sont un phénomène essentiellement rural dans un pays essentiellement rural. La grande majorité des troupes américaines est déployée dans les zones rurales, à l’extérieur des grandes villes. La plupart du temps, la guerre ne touche pas les centres urbains. Les talibans portent cependant de plus en plus la guerre au cœur des villes, ce qui démoralise les Afghans et donne l’impression qu’aucune partie du pays n’est épargnée. Les incidents du 18 janvier semblent destinés à semer la peur dans les quartiers habituellement tranquilles du centre de Kaboul et à montrer que les insurgés peuvent aisément frapper le gouvernement afghan soutenu par les Etats-Unis. A cet égard, l’attaque a été une réussite totale. Le marché Faroshga est en ruine, complètement dévasté. Les rues de Kaboul se sont vidées. Les commerçants ont fermé boutique et les Afghans ont quitté leur bureau. Même les gardes du président afghan ont participé aux combats. Selon Zabihullah Mujahid, porte-parole taliban, l’attaque était une réaction aux propositions américaine et afghane de “réconciliation” et de “réintégration” des combattants talibans dans la société, un projet qui est au cœur de la campagne américaine pour renverser le cours de la guerre et qui sera exposé par Hamid Karzai, le 28 janvier, lors d’une conférence internationale à Londres. “Nous sommes prêts à nous battre, nous avons la force de nous battre et personne chez les talibans ne veut d’un quelconque accord”, affirme-t-il.
Le raid du 18 janvier s’est déroulé selon un processus de plus en plus familier qui rappelle l’assaut contre le ministère de la Justice en février 2009 [qui avait fait 26 morts]. Un homme portant une ceinture d’explosifs s’est approché des portes de la banque centrale et a essayé de franchir le barrage des gardes. Ceux-ci l’ont abattu, mais l’homme a réussi à faire exploser sa charge dans la rue. En quelques minutes, des centaines de commandos, de soldats et de policiers afghans ont encerclé la place du Pachtounistan. Aucun soldat américain n’était sur place. Les seuls militaires occidentaux présents sur les lieux étaient un petit commando néo-zélandais. Un groupe de commandos afghans a déclaré être venu directement de l’entraînement. “On était en plein exercice quand on a eu le message”, explique Bawahudin, un jeune membre d’une unité antiterroriste. Au signal, les hommes se sont mis à courir. Les yeux de Bawahudin reflétaient la peur. Tandis que la bataille faisait rage, une onde de choc s’est répandue dans une autre partie de la ville. Un autre terroriste venait de faire exploser une camionnette arborant le nom de l’hôpital Maiwan. Les policiers ont tiré de la carcasse les restes d’un homme – trapu et à la peau foncée. Un Arabe, ont-ils affirmé. Mais personne ne semblait en être très sûr.
http://www.courrierinternational.com/article/2010/01/19/kaboul-frappe-en-plein-coeur
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