Fait inhabituel, la grève dans les universités est initiée cette fois-ci par des enseignants-chercheurs. La coordination nationale des universités, qui affirme regrouper 74 universités, écoles et instituts, a appelé lundi à une grève illimitée dans toutes facultés, ainsi qu'à une journée de manifestations en France jeudi 5 février et à une manifestation nationale à Paris le mardi 10. Objectif : obtenir le retrait d'un décret réformant le statut des enseignants-chercheurs, transmis vendredi au Conseil d'Etat, et obtenir le retrait de la réforme sur la formation des enseignants.
Toutefois, «il ne s'agira pas forcément de facs mortes partout», a souligné Sarah Hatchouel, professeur d'anglais à l'université du Havre et membre du comité d'organisation de la coordination, en précisant que chaque université pouvait décider de son moyen d'action au niveau local.
La coordination appelle également à une «cérémonie nationale de non remise des maquettes des masters le vendredi 13 devant le ministère et les rectorats», en référence aux nouveaux masters que devront suivre les étudiants se préparant à l'enseignement, selon la réforme prévue par le gouvernement. La coordination «encourage» enfin les enseignants «à faire cours en dehors des cadres habituels» et les syndicats à «faire le lien avec le primaire et le secondaire».
La grève a déjà commencé lundi dans certaines universités, à l'appel de syndicats et d'associations de droite (AutonomeSup, Défense de l'université) comme de gauche (Snesup). «Au moins 45% des activités d'enseignement» étaient touchées par des grèves d'enseignants-chercheurs, selon le Snesup-FSU, premier syndicat du supérieur. «Il y a eu des perturbations limitées et sporadiques: dans certaines universités, pas de cours et rétention de notes», précise pour sa part le ministère de l'Enseignement supérieur. Parmi les grévistes, les professeurs de l'Institut d'études politique d'Aix en Provence, une première dans l'histoire de cet établissement créé en 1956.
C'est la modification du décret de 1984 sur le statut des enseignants-chercheurs, issue de la loi sur l'autonomie des universités (LRU), adoptée en août 2007, qui suscite le mécontentement. Les chercheurs fustigent « l'arbitraire des présidents d'université» qui ont davantage de pouvoir depuis la loi LRU, la hausse du nombre d'heures d'enseignement et l'atteinte à leur indépendance. La ministre Valérie Pécresse a cherché vendredi à les «rassurer» en apportant deux modifications à son projet, mais cela n'a convaincu les syndicats.
L'avenir du mouvement dépendra peut-être des étudiants, dans une période où les examens s'achèvent et où il n'y a pas cours en raison du passage entre deux semestres. Selon le syndicat étudiant Unef, 20.000 étudiants se sont déjà réunis lundi en AG, dont 3.000 à Toulouse, 2.000 à Rennes-II ou Bordeaux-III. D'autres devraient suivre dans la semaine. L'Unef compte faire soit du 5, soit du 10 février, une journée de mobilisation étudiante, dans le but de «faire converger les étudiants et les personnels des universités».
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/02/02/01016-20090202ARTFIG00567-appel-a-la-greve-illimitee-dans-les-universites-.php
JPTF 2009/02/03
Sem comentários:
Enviar um comentário