junho 06, 2008

Tribunal constitucional anula decisão de permitir o uso do véu nas universidades turcas in Courrier International, 5 de Junho de 2008


En réponse à une requête de l'opposition kémaliste, la Cour constitutionnelle a annulé, le jeudi 5 juin, les amendements constitutionnels adoptés en février par l'Assemblée nationale pour lever l'interdiction du port du voile dans les universités. Un revers pour le parti islamo-conservateur au pouvoir. Revue de presse.

Selon Okay Gönensin du quotidien Vatan, très critique à l'égard du Parti pour la justice et le développement (AKP), il s'agit là d'un coup sévère porté au parti au pouvoir et dont l'interdiction est actuellement instruite précisément par la même Cour constitutionnelle : "Cette décision rend désormais inévitable l'interdiction de l'AKP. En effet, la Haute Cour qui considère que les modifications constitutionnelles réalisées par l'AKP sont contraires aux principes républicains devrait sanctionner par la peine la plus sévère le parti politique responsable de cette situation. Dans le cas contraire, la Cour constitutionnelle se contredirait."

Taha Akyol, plume libérale de Milliyet, estime en tout cas que cette décision va à l'encontre du droit dès lors que la Cour constitutionnelle a outrepassé son rôle en s'exprimant sur le fonds alors qu'elle ne peut en principe se prononcer que sur la forme : "En agissant de la sorte, la Haute Cour a supprimé la frontière entre le monde judiciaire et politique. Dorénavant, en Turquie, plus aucun parti politique n'osera adopter un programme privilégiant une approche de la laïcité à l'occidentale [dans le respect des libertés religieuses]. Cette décision n'est d'ailleurs pas une surprise dans la mesure où en Turquie, tant au niveau de l'idéologie officielle que de celui du monde judiciaire, l'interprétation du concept de laïcité se fait sur un mode antilibéral."

Ertugrul Özkök, rédacteur en chef de Hürriyet et très critique vis-à-vis de l'AKP, rappelle qu'il avait déjà mis en garde contre le fait de modifier la Constitution pour régler la question du voile. "Dès lors que vous agissiez de la sorte", écrit-il à l'attention de l'AKP, "vous couriez le risque d'en faire une question de régime. Et c'est d'ailleurs ce qu'a fait la Cour constitutionnelle, fût-ce au prix d'un élargissement de ses prérogatives. Dans un tel contexte, résoudre la problématique du voile à l'université est devenu sérieusement compliqué." "Une solution ne sera possible", conclut l'éditorialiste de Hürriyet, "qu'en soustrayant ce dossier aux fondamentalistes bornés et en le laissant dans les mains de croyants honnêtes".

Dans Zaman, quotidien plutôt proche de l'AKP, Mustafa Ünal estime néanmoins que la décision de la Cour constitutionnelle est avant tout politique : "C'est comme si cette Cour incarnait désormais l'esprit des tribunaux d'exception des débuts de la République. Je suis ainsi frappé par les commentaires au sujet de cette affaire, où, au lieu d'évoquer les principes de droit, de justice et de démocratie, on parle surtout sur un mode très politique de système, de régime et de laïcité. Il s'agit là d'une évolution assez inquiétante."

http://www.courrierinternational.com/imprimer.asp?obj_id=86399
JPTF 2008/06/06

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