maio 25, 2007

“Turquia: não ao Club Med, sim à UE” in Courrier International, 24 de Maio de 2007

Certains qualifient, non sans ironie, le projet d'"Union méditerranéenne" de Nicolas Sarkozy de Club Med. C'était pourtant bien autre chose que cette chaîne de villages de vacances français existant en Turquie, qu'a en tête le président français. Il s'agirait d'un "club", sur le mode de l'Union européenne, qui concrétiserait une union politique et économique des pays du pourtour méditerranéen. Au cours de sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy a défendu à plusieurs reprises cette idée. Mais qu'est-ce donc que cette union ? Qui seront ses membres ? Avec quel objectif est-elle censée fonctionner ? Dès lors que dans ses discours, le nouveau président français attribue à la Turquie un rôle important dans cette union, il est nécessaire pour nous de comprendre l'intention réelle de Nicolas Sarkozy. Il apparaît déjà que ce projet est encore loin d'être mûr. Le ministre des Affaires étrangères et les autres ministres concernés vont sans doute essayer de donner un peu de substance à cette idée. Ce que l'on sait en tout cas, c'est que cette union réunirait en son sein des pays du sud de l'Europe, d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Il s'agirait de favoriser la coopération aux niveaux économique et commercial entre ces pays et de trouver des solutions communes en matière d'environnement et de flux migratoires. Les pays membres de cette union - ils seraient 17 – réaliseraient également des projets communs grâce au soutien d'une "Banque d'investissement méditerranéenne". Enfin, l'union serait dotée de mécanismes de direction calqués sur le modèle de l'Union européenne. Tout cela est bien beau sur le papier. Mais quelle est la probabilité de réussite d'un tel projet du point de vue pratique ? Le doute est de rigueur. En effet, il apparaît impossible de mettre ensemble bon nombre de pays méditerranéens. Les différences et les désaccords sont énormes. La plupart des pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient ont entre eux des rapports conflictuels et ne se sentent pas particulièrement proches de l'Europe. Par ailleurs, sur la base de quelles valeurs cette "union" devrait-elle se construire ? La démocratie, les droits de l'homme et les libertés fondamentales sont des concepts étrangers pour beaucoup de pays méditerranéens. Il n'est donc pas évident de déterminer ce que devraient être les critères et les objectifs de ce "club". C'est pour infléchir la politique de l'Union européenne et renforcer l'influence française en Méditerranée que Sarkozy a lancé ce projet. L'idée de donner un rôle à la Turquie dans ce club fait partie de la stratégie développée dans ce contexte. Il s'agirait donc pour Ankara d'une sorte de "compensation" sensée contrebalancer le refus de Sarkozy de voir la Turquie intégrer l'Union européenne. Or, la Turquie n'a d'autre objectif que de rejoindre l'Union européenne. Sarkozy ne semble pas avoir compris que ce projet d'adhésion à l'UE est une façon pour la Turquie de se projeter vers l'avenir dans le but d'accéder à une véritable modernité. En termes de "clubs régionaux", la Turquie est déjà active, quand elle n'est pas l'initiatrice, de projets de coopération régionale, comme par exemple la "Zone de coopération économique de la Mer Noire" (ZCEMN). Ankara peut donc certainement prendre part à cette "Union méditerranéenne", mais chacun doit savoir que ce "Club Med" ne constituera jamais pour la Turquie une alternative à l'Union européenne.
JPTF 25/05/2007
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=74233

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